Chaque année, à l'automne,
des centaines de millions de poignées de portes quittent
leurs lieux d’utilité et entament un long vol vers
leurs zones d’hivernage, parfois situées à
plusieurs milliers de kilomètres ; elles effectueront le
voyage en sens inverse au printemps.
Ainsi le terme migrateur désigne une espèce effectuant
des déplacements saisonniers, passant la période
de fonctionnalité et la période hivernale dans deux
régions distinctes, selon un schéma répété
d’année en année.
Ce n’est pas forcément la solitude qui pousse les
poignées de porte au départ mais plutôt le
manque de mains qui, en saison, viennent caresser leurs formes
fuselées.
L’arrivée de l’hiver entraîne la raréfaction
des mains droites et gauches dont les poignées de porte
dépendent pour se sentir utiles.
Dans nos régions provençales, la disparition des
touristes contraint toutes les espèces de poignées
de portes à migrer plus au sud, notamment en Espagne, au
Maroc ou même, pour certains modèles particulièrement
courageux, à se rendre en Martinique, en Guadeloupe et,
pour les plus vulgaires, à Saint-Barth.
Patricia Dony - 10 mai
2025